La cité bienheureuse, Essai sur la structure inconsciente du lien social contemporain

Benoit Virole - 2025

Nous proposons une réflexion sur la structure inconsciente du lien social contemporain. En reprenant la distinction faite par Marcel Gauchet entre société hétéronome, dont la stabilité est assurée par une instance externe, et société autonome dont la stabilité se veut interne, nous la mettons en rapport avec la thèse freudienne du lien social. Applicable aisément aux sociétés hétéronomes du fait de la congruence entre transcendance collective et fonction symbolique, la thèse freudienne d’une extension au social d’un complexe patriarcal est moins aisément applicable à nos sociétés occidentales autonomes qui récusent toute transcendance. Une réévaluation est donc nécessaire des fondements psychiques du lien social contemporain, en particulier par son rapport au narcissisme et son évitement de la confrontation œdipienne. Si le narcissisme permet de penser le rapport à l’autre comme étant une déclinaison d’une relation spéculaire, il n’élucide pas la genèse d’une société. La relation à deux, la concurrence entre les frères et la lutte pour la reconnaissance au sens de Hegel, ne peuvent construire une entité holistique. Nous interprétons alors le lien social contemporain comme tendant vers un réseau construit sur la réciprocité des idéaux du moi associé à un consensus fusionnant les individus dans une illusion narcissique commune. Il est alors possible d’interpréter les idéologies contemporaines comme étant nécessaires à l’établissement de ce consensus dont la fonction est de suppléer à la transcendance fondatrice récusée.

Commande