La notion de style cognitif est centrale en
psychopathologie. Elle renouvelle notre vision de la clinique de l’enfant (et
de l’adulte) en nous permettant de comprendre les différences
interindividuelles en ce qui concerne les processus d’apprentissage et d’adaptation
au monde. Chaque enfant présente un style cognitif de développement
particulier qui résulte à la fois de prédisposition héréditaires
génétiquement déterminées et des interactions entre ce potentiel génétique et
son histoire clinique. A l’ intérieur de cette
histoire clinique, on distinguera les effets des dynamiques d’interaction
avec l’environnement, les troubles sensoriels ou moteurs éventuels, les
difficultés psychologiques, les défenses psychopathologiques. La complexité
des facteurs interagissant amènent l’enfant à rentrer dans un type de
trajectoire de développement. Les tableaux suivants présentent les grandes
caractéristiques de ces styles. |
|
Les styles cognitifs |
1 |
Dépendance
du champ / indépendance du champ. |
2 |
Scanning
attentionnel (empan d’attention,
vivacité de l’expérience vigilance, alerte)
|
3 |
Empan
de l’espace de catégorisation |
4 |
Styles
de conceptualisation, (similarité, différence, thème, fonction) |
5 |
Intégration
de la complexité / simplification |
6 |
Impulsivité
/ réflexion |
7 |
Assimilation
ou spécification dans la perception |
8 |
Flexibilité
/ concentration ˗˗ Résistances aux interférences cognitives /
distractibilité |
9 |
Tolérance
pour les expériences incongrues ou irréalistes. |
10 |
Séquentiel
/ Simultané |
style |
Séquentiel |
Simultané |
Impulsif |
Contrôlé |
Dépendant
Contexte |
Indépendant |
Caractéristiques |
Utilise les éléments d’information les uns
après les autres |
Utilise les liaisons spatiales entre les
éléments |
Agit d’abord, réfléchit ensuite |
Réfléchit avant d’agir |
A besoin du contexte présent sous les yeux
pour réfléchir |
N’a pas besoin du contexte |
Points forts |
Rationnel |
Intuitif |
Imaginatif original |
Rationnel Efficacité |
Imagination spatiale |
Abstraction |
Points faibles |
Lent |
Brouillon |
Pas attentif |
Peu spontané |
Raisonnement |
Brouillon |
1) Style séquentiel vs style simultané. Avec la batterie de test du K-ABC, il est possible
de déterminer précisément de quel coté se situe le
sujet. Avec le WISC-IV, et la figure de Rey, la détermination est moins
franche. Une faiblesse en vitesse de
traitement, avec des scores bons sur les autres subtests, est un indice de
l’absence d’un style séquentiel. Si,
pour ce même profil, la figure de Rey est réussie, le marquage du style en
est renforcé. 2) Style impulsif vs style contrôlé. Le comportement du sujet pendant la passation est
l’indicateur principal. La précipitation à la réponse est un indice de la
prédominance d’un style impulsif. Il s’agit d’une appréciation clinique. Ces
sujets ont des difficultés avec l’épreuve du Code. La distinction entre style
impulsif et trouble de l’attention est délicate. Elle demande des
investigations supplémentaires, en particulier par des tâches attentionnelles
dynamiques (épreuves sur des interfaces numériques comme dans le test du K-classic). 3) Style dépendant du champ vs indépendant du champ. Peu d’éléments psychométriques permettent d’établir
ce style. Seuls les derniers items des
Cubes, où il n’existe plus de marquage, peuvent nous fournir une indication,
ainsi que la typologie de la figure de Rey. Les types I et II sont en faveur
d’une d’indépendance du champ. Les autres types évoquent une dépendance du
champ perceptif. |
|
SEQUENTIEL
analytique |
SIMULTANE spatial / holistique |
Dimension objets
cognitifs
|
Temps |
Espace |
Localisation neuro-anatomique majoritaire |
Hémisphère gauche frontal |
Hémisphère droit Parieto occipital |
Fonction
perceptive privilégiée |
Audition Structures temporelles |
Vision Structures
« instantanées » globales |
Ressources
attentionnelles |
Fortes mémoire immédiate |
Faibles Mémoire iconique
« sketch » |
Prise de sens |
Différée |
Immédiate (par hypothèses flottantes) |
Mode
d'apprentissage |
séries, répétition, règles |
Forme globale, intuition,
savoir-faire |
Logique |
Déductive |
Inductive (essais / erreurs
généralisation) |
|
Séquentiel
analytique |
Simultané parallèle
|
Age
d'acquisition ou de stabilisation |
Plutôt après 7 ans et
dépendant de la maturation frontale |
Plutôt avant 7 ans puis
après stabilisation |
Valeurs
scolaires |
Savoir se relire, rigueur, attention,
concentration |
Vivacité Inventivité |
Structure
probable de la mémoire sémantique associée à ce style |
Taxonomie de classes Lexique structuré par
phonologie |
Scripts Connaissances compilées pragmatiques |
Sensibilité aux
facteurs génétiques |
Forte |
Forte |
Sensibilité à
l’ environnement |
Forte |
Faible (sauf trouble psychomoteur
se répercutant sur la construction de l’espace) |
Sensibilité
aux facteurs affectifs |
Forte |
Faible (robustesse des traitements simultanés) |
Vecteur
d’acculturation associé |
L’écrit, le texte, le livre |
L’image,
la BD, la vidéo, 3D, mondes virtuels,
le cyber espace, les interfaces écrans… |
Forme
psychopathologique positive / négative associée à ce style |
Rituels, conformisme ou sentiment d’échec |
Hyperactivité ou Dépression |
|
Les fonctions
exécutives |
Adaptation à
une situation nouvelle
Au-delà des
routines d’action et des habilités cognitives automatiques
Mise en œuvre
de processus contrôlés
Nécessite la
représentation de soi |
|
1 |
Planification des séquences
d’actions |
2 |
Inhibition des réponses
prépondérantes |
3 |
Flexibilité mentale |
4 |
Ajustement attentionnel
sélectif au contexte |
5 |
Organisation des procédures
en mémoire de travail |
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