Psychopathologie et Complexité
Les textes réunis dans cette section ont été écrits entre 1992 et 2025. Ils sont unis par le même projet : rendre intelligible la psychopathologie contemporaine en déployant une pensée théorique soucieuse de ne pas être enfermée dans des systèmes clos. Psychanalyse, sciences cognitives, théorie des catastrophes, théories de la complexité sont appelées à concourrir à une intelligibilité des phénomènes observables tout autant dans la cure analytique que dans les approches psychothérapeutiques. L'idée centrale est la possibilité de pouvoir penser les interniveaux entre réalité psychique et réalité neurobiologique en utilisant les concepts d'attracteurs et de dynamique structurelle. Nous réunissons les arguments des différents textes qui peuvent tous être lus de façon autonome. Ils peuvent téléchargés en cliquant sur le titre souligné en hyperlien. L'ouvrage Sciences cognitives et psychanalyse 1995 regroupant plusieurs essais dont Le système conceptuel de Freud . L’ensemble de l’organisation de la métapsychologie freudienne peut être réduit en en graphe conceptuel moyennant l’abstraction de son déploiement temporel. L’intérêt de la mise en graphe réside dans la facilité de manipulation de l’ensemble du système métapsychologique et dans le dégagement des problématiques logiques qui lui sont inhérentes permettant l'articulation avec la psychanalyse. Cf. Note de lecture par Xavier Saint-Martin. Publié dans Sciences cognitives et psychanalyse et plusieurs publications et une référence (tableau) dans le traité de Psychopathologie de Daniel Wildlöcher (chapitre de Didier Houzel sur les modèles topologiques.)
Les systèmes analytiques post freudiens (2020) est une présentation synthétique des principales propositions psychanalytiques post freudiennes. Ces propositions ne résument pas l'ensemble du développement de la psychanalyse. Bien des apports ont été proposés par d'autres psychanalystes (Sullivan, Fairbairn, Kernberg, Guntrip et d'autres... pour les anglo-saxons, Anzieu, Green, et de nombreux autres pour la France). La sélection ici opérée est surtout guidée par l'intérêt épistémique du système conceptuel proposé. L'accent est mis sur la structure logique de la théorie et sa cohésion interne, à l'exclusion de toute discussion sur son opérativité clinique et les conditions historiques de sa naissance.
Psychanalyse en crise La psychanalyse traverse une crise grave touchant ses fondements épistémologiques. Pour sortir de cette crise, la psychanalyse doit se dégager de l'idéologie psychanalytique pour développer une pensée ouverte, curieuse, complexe, capable de dialoguer avec les sciences contemporaines.
Fondements des sciences cognitives Ce texte, publié en 1995, présente les trois grands paradigmes des sciences cognitives. Il a été publié sous une forme première dans l'ouvrage Sciences cognitives et psychanalyse 1995 aux Presses universitaires de Nancy dont il constitue une partie. Il est donc à la fois daté en regard de la situation en 2019, mais il reste actuel dans la définition des principes qui président aux paradigmes constitutifs des sciences cognitives (I Fonctionnalisme, II Connexionnisme, III Auto-organisation). Une discussion des rapports avec la psychanalyse est amorcée en particulier par les liens avec les premiers modèles freudiens (IV) . Images de la pensée. Ce texte a été écrit après une participation à un projet de recherche INSERM (U330) sur l'imagerie fonctionnelle dans la schizophrénie. Aujourd'hui, beaucoup d'éléments présentés dans ce texte sont dépassés sur le plan technique, mais, à notre sens, la réflexion épistémologique sur le statut des images fonctionnelles en psychopathologie reste valide. De même, la présentation de la problématique de l'implémentation neuronale de la représentation mentale reste d'actualité. Présence de René Thom. Une version trés allégée de ce texte constitue un des chapitres de l'ouvrage Catastrophes de l'inconscient , édition Baghera, 2019. Il est ici complété par la formulation mathématique minimale de la théorie des catastrophes reprise sous une forme modifée de la présentation de Jean Petitot au séminaire L'identité de Claude Lévi-Strauss, en 1977. La théorie des catastrophes est présentée dans ses grandes lignes avec les principales extensions en biologie théorique et en linguistique. Ce texte est avant tout un hommage à René Thom dont l'oeuvre, d'une importance considérable, est trop injustement aujourd'hui négligée et qui n'a pas craint de développer sa propre pensée à contre courant des modes. Le texte retrace, de façon synthétique et sans formalisation mathématique, les grandes lignes de son œuvre en insistant sur cette perspective singulière : rendre intelligible à la fois le continu et le discontinu. Ses propositions originales en biologie et en linguistique sont exposées ainsi que les critiques portées à son encontre et qui ont contribué au désintérêt de la théorie des catastrophes, depuis maintenant une cinquantaine d'année, peu de temps en vérité en regard de l'histoire des idées. Prégnance ou pulsion ? En considérant que la sexualité constitue une prégnance au sens de Thom, mais qu'elle possède un statut particulier chez l'homme du fait de son diphasage et de l'ensemble des faits décrits par Freud (pulsions partielles, primat tardif de la génitalité, conditions de l'interdit de l'inceste...), la construction morphodynamique pourrait être assez facilement compatible avec la psychanalyse et lui fournirait une assise biologique nouvelle. L'inconscient freudien serait alors le lieu du refoulé des motions de désirs et des objets liés à la sexualité et il coexisterait avec un inconscient cognitif, lieu des interactions entre prégnances biologiques et des saillances épigénétiques. La transmission psychosomatique. L’analyse qualitative du discours et des associations de pensée de femmes recueillies en entretiens semi-dirigés et débutant un programme de FIV (fécondation in vitro) nous incite à proposer une hypothèse explicative des échecs de nidation. Des fantasmes inconscients se réalisent somatiquement par la propagation de schèmes dynamiques dans le système immunitaire. Nous spéculons sur les analogies entre les formes sémantiques du discours et les processus morphodynamiques existant dans les dynamiques immunitaires (psycho immunologie). L’intérêt de l’hypothèse est méthodique pour la psychosomatique. Elle considère la possibilité d’une transmission de formes dynamiques (fusion, scission, excision, exfoliation) entre l’inconscient et les espaces physiologiques. Le refoulement laisse passer la dynamique actancielle que l’on retrouve dans les formations de compromis et les symptômes. Morphogenèse des stéréotypies dans l'autisme. L’analyse sémiotique d’un corpus d’une quarantaine de stéréotypies motrices d’enfants autistes et d’enfants sourds aveugles nous permet d’établir une typologie bâtie sur le type de mouvement, les localisations et les configurations de mains (en lien avec les paramètres de formation de la langue des signes des sourds). L’application d’un modèle de la dynamique qualitative permet d’interpréter ces stéréotypies comme des exfoliations de dynamiques psychiques internes et de les mettre en relation avec les schémas actanciels de la théorie des catastrophes. Applications en psychothérapie psychanalytique de l’autisme. De l'espace analytique. Ce texte a été publié en 1995 dans Sciences cognitives et psychanalyse aux Presses Universitaires de Nancy. Il propose essentiellement une conception du refoulement comme étant un processus lié`à la structure morphodynamique des représentations mentales. La cure analytique est considérée comme un espace autopoïéttique (au sens de Varela) où est réalisé un couplage entre les flux de représentations chez le patient et chez l'analyste. Structures cycliques. Ce texte écrit en 1995, et que nous rééditons aujourd'hui sous une forme légèrement remaniée (2019), est un essai d'interprétation catastrophiste d'une structure cyclique en psychopathologie, l'anorexie-boulimie. Callahan a le premier en 1982 ouvert la voie à cette interprétation, mais nous l'abordons ici principalement à partir d'une recherche d'articulations avec la pensée psychanalytique. Il a été publié dans Sciences cognitives et psychanalyse (1995). On peut décrire alors le détermisme de la boulimie anorexie de la façon suivante. Le moi tente de se réaliser comme conforme à un idéal du moi (tension moi/surmoi) sur le registre de l'imaginaire du corps afin d'être conforme aux idéaux narcissiques véhiculés par la culture et d'un autre côté aux exigences pulsionnelles. Le moi échoue dans cette tâche et la recherche d'identification se rabat sur l'introjection puis sur l'incorporation. Or tout ce mouvement régressif présente la particularité de mettre en avant des processus successifs dont le morphodynamisme est commun puisqu'il s'agit à chaque fois de la fusion de deux actants résultante de la catastrophe de la fronce. L'incorporation peut ainsi être définie comme l'expression dans les comportements et les représentations de ce schème de fusion où deux attracteurs se réduisent en un seul. Il est alors possible de modéliser l'ensemble du cycle anorexie/boulimie comme une trajectoire située sur la surface de réponse de la fronce tendue entre deux positions attractives. Le comportement alimentaire normal passe à l'extérieur de la fronce et ne génère pas de chute catastrophique. Par contre, dès lors que la trajectoire franchit le cusp, il y a génération d'un saut catastrophique et bifurcation soudaine de l'attitude vis-à-vis de la nourriture. Les Fantasmes originaires. L'existence des fantasmes originaires dans l'inconscient a été expliquée soit par un déterminisme évolutif de type lamarckien (Freud) soit par un déterminisme structural lié à l'organisation symbolique du psychisme. Nous exposons l'apport potentiel d'une interprétation en regard des données de l'anthropologie contemporaine ainsi qu'une interprétation de nature morphodynamique, inspirée de la théorie des catastrophes de René Thom et poursuivant une suggestion de Michèle Porte.
Catastrophes en psychanalyse Nous présentons et discutons les grandes lignes des voies de rapprochement entre la théorie des catastrophes de René Thom (1923-2002) et la psychanalyse. Après l'exposé des deux approches principales, interprétation de l'épistémologie freudienne (Michèle Porte) et reconstruction d'une nouvelle métapsychologie (Jean Petitot), nous discutons l'apport de la théorie des catastrophes à la compréhension de la dynamique de la cure, des phénomènes de traces, de la problématique des identifications et des fantasmes originaires. Selon nous, l'apport décisif de la pensée de Thom en psychanalyse est surtout de nature épistémique. Elle réside dans la construction d'un espace multidimensionnel virtuel pour penser la complexité psychique. Le texte présente les convergences entre la psychanalyse et la théorie des catastrophes. Une première voie consiste à interpréter les phénomènes inconscients comme des dynamiques de conflit et de bifurcation. C’est la voie initiée par Michèle Porte dans son ouvrage la Dynamique qualitative en psychanalyse (1994). Une lecture catastrophiste de l’œuvre de Freud permet de repenser plusieurs problématiques de la psychanalyse dont celle des fantasmes originaires. Une seconde voie, suggérée en 1992 par Jean Petitot, consiste à repartir des fondements dynamiques du modèle du psychisme animal. En utilisant les concepts de saillances (éléments discontinues) et de prégnances (forces continues), Jean Petitot invite à la construction d'une métapsychologie, biologiquement fondée, pouvant être articulée avec les structures de la psychanalyse lacanienne. Les objections à l'application des modèles catastrophiques en psychanalyse sont ensuite discutées.
Catastrophes et complexité psychique Comprendre la vie psychique, dans son ensemble, ne consiste plus à identifier des causes locales qu'elles soient un taux de neuromédiateur, un traumatisme psychologique, l'intensité d'une pulsion, la force d'une instance, l'état fonctionnel d'une structure anatomique, ou d'autres facteurs supposés déterminants , mais à décrire qualitativement l'agencement entre les différentes dimensions en interaction : les facteurs de contrôle, le flux du système dynamique et idéalement les catastrophes qui génèrent les ensembles de bifurcation. Le soi comme système complexe Ce texte introduit la métaphore de la complexité pour rendre compte de la vie psychique. Le soi est considéré comme un instance émergente de la complexité et possèdant ses propriétés : sensibilité aux conditions initiales, singularité, historicité, intégration holistique.
L'instance du soi Ce texte présente notre conception du soi comme une instance, de plein droit métapsychologique, générée par la récursivité narcissique. L'investissement d'amour du moi par le moi modifie sa structure interne en générant une instance de complexité supérieure. L’investissement narcissique du moi (le moi réceptacle de la libido) entraîne l’émergence d’une nouvelle instance, le soi. Le soi est une instance psychique de complexité maximale au sommet de l’évolution somato-psychique de l’individu. Sa prise en considération est nécessaire pour comprendre la psychopathologie et l’efficacité des psychothérapies. Les apports de Heinz Kohut et Bela Grunberger sont fondamentaux et prolongent la pensée freudienne en reconnaissant la permanence et l’importance des investissements narcissiques du moi. Le soi complète les topiques freudiennes. Il est une instance de niveau intégratif supérieur aux instances de la première et seconde topique.
Théorie des attracteurs psychiques Au lieu de considérer les formes pathologiques comme s’excluant l’une et l’autre, nous proposons de voir la psychopathologie comme un paysage d’attracteurs dynamiques correspondant chacun aux grandes entités cliniques. Les pathologies franches correspondent à des confinements (points de fixation dans la terminologie psychanalytique) dans un des attracteurs. Leur existence est liée à une détermination génétique partielle. Celle-ci est liée à la valeur adaptative potentielle de ces attracteurs. Par analogie métaphorique avec la théorie des systèmes dynamiques, on définit un attracteur comme une position de stabilité relative dans l'ensemble dynamique complexe des représentations mentales, des émotions, et de façon générale de l'ensemble des états mentaux (conscients et inconscients). Un attracteur attire vers une position de stabilité les trajectoires évolutives des pensées, des croyances, des sentiments, des émotions et des fantasmes. Un attracteur peut bifurquer en un autre type d'attracteur, se scinder, se fusionner par résonnance (similitudes), ou bien être en conflit dynamique avec un ou plusieurs autres attracteurs. L'activité psychique, émergente de l'inter-connectivité neuronale, présente des propriétés proches de celles d'un système dynamique comportant des attracteurs en interaction constante. Les différents états mentaux résultent des interactions complexes entre ces attracteurs. Dans certaines conditions, un état mental prend le dessus sur les autres et devient dominant jusqu'à ce qu'une modification des paramètres contrôlant le système le fasse bifurquer vers un autre état. Ce système dynamique est contrôlé par le déploiement d'une figure de régulation, au sens donné à ce terme par René Thom, à savoir une structure qui intègre différents paramètres externes dont certains sont eux-mêmes sous le contrôle du génome.
La potentialité schizoïde Il existe un lien significatif entre les formes d’organisation sémantiques et la schizophrénie. En analysant les données de tests d'associations libres par un programme en LISP développé par nous pour la construction et l’évaluation de réseaux sémantiques, on met en évidence des particularités de la pensée schizophrénique. Les schizophrènes créent des réseaux sémantiques construits sur des subversions des interfaces catégorielles. Publié dans psychopathologie et complexité et repris sous une forme modifiée dans La Complexité de soi . Semantic and schizophrenia. Recherche sur la schizophrénie dans le cadre d’une unité de l’Inserm (imagerie fonctionnelle et psychopathologie), sur les organisations sémantiques des patients schizophrènes en lien avec les activations cérébrales relevées au Pet-Scan. Semantic links between single words in schizophrenia An artificial intelligence approach. The aim of this study is to explore the semantic associations in schizophrenia through a computational semantic network. We analyzed the data from two tasks, continuous association task without single stimulus word and phonological verbal fluency (formal lexical evocation with a letter stimulus) through a artificial semantic network (LISP language). This network definited and computed the semantic inter-words links and made queries about the different semantic levels of the responses performed by 22 shizophrenics and 17 normal controls. Results show a cluster constriction in continuous association task and more irrelevant responses (already said words) in the schizophrenics in the two tasks. In the continuous association task, the semantic links using an mental imagery evocation, and consequently a more longer inter-words time, were significantly lower in schizophrenic patients than in control subjects. Finally we found some differences in the organization of semantic categories between the two groups in relation with stereotypic responses.
Météorologie de l'inconscient. En utilisant la métaphore de la météorologie et des mouvements complexes de l'athmosphère, nous décrivons les dynamiques psychiques comme étant des manifestations de la complexité dans lesquelles il est possible de repérer des attracteurs constants. La psychopathologie peut alors être conçue comme un vaste paysage d'attracteurs en compétition. Les formes types correspondent à des confinements des attracteurs dans des positions stables.
Dynamique structurelle de l'autisme. L'autisme est considéré comme un ensemble de régulations nécessaires à la stabilité structurelle du soi, organisation psychique émergente de la complexité neuronale. La cohésion du soi est fragilisée par une altération de la constitution des objets mentaux unifiées par l'intentionnalité (synthèse objective). L'échec de la stabilité structurelle du soi autistique entraîne en retour une sémiologie négative (trouble de la régulation, dissociation, désorganisation fonctionnelle). Une typologie nouvelle des signes autistiques bâtie sur leurs fonctions régulatrices est proposée (en sept classes) et les contours d'une psychothérapie phénoménologique, centrée sur la compréhension du rapport autistique au monde, sont esquissés.
Topique de la complexité est une conjecture de psychopathologie théorique intégrant la perspective transdisciplinaire initiée par la pensée de René Thom. Devant un objet complexe, la seule façon de l’étudier est d'imaginer un espace virtuel de plus grande dimension. Pour aborder le psychisme sans le réduire, ni à un fonctionnement neurophysiologique, ni à une mentalisation désincarnée, ni à un idéalisme du fantasme, il est nécessaire de se donner un espace théorique nouveau. Nous considérons le psychisme en explorant son rapprochement avec les propriétés d'un système dynamique dont la stabilité structurelle serait exercée par trois grandes fonctions de régulation : la cohésion cognitive, l’individuation et la virtualisation. Des faits fondamentaux issus de la psychanalyse, des sciences cognitives et de l'anthropologie deviennent alors mieux intelligibles dans un cadre théorique unifié. Notre thèse centrale est que l’investissement récursif du narcissisme pour le moi modifie son organisation en différenciant une nouvelle instance, le soi, dont la dynamique structurelle est celle d’un système complexe. Des faits issus de la psychanalyse, de l’anthropologie et des sciences cognitives peuvent alors être compris dans une théorie unifiée. Résumé : De l’inter-connectivité neuronale générale émergent des processus cognitifs de catégorisation et d’indexation symbolique qui constituent le premier niveau de l’activité mentale. Ce premier niveau cognitif est biologiquement orienté, en grande partie génétiquement déterminé. Il comporte les affordances adaptatives, les réflexes, les scripts comportementaux innés. Ce niveau suit un développement ontogénétique et perdure à l’âge adulte. Son développement initial constitue le moi primitif orienté vers des objets externes sélectionnés pour leur valence adaptative (saillances, contours, stimuli prégnants). Sur cette orientation du moi vers les objets adaptatifs, se produit chez l’homme un phénomène singulier qui est l’étayage de la pulsion sexuelle. L’indépendance de la pulsion sexuelle vis-à-vis des buts de la reproduction et sa constitution en composants partiels associés aux organes d’échanges entre milieu intérieur et milieu extérieur (zones érogènes) est un fait démontré par la psychanalyse. Certains objets adaptatifs externes sont investis de sexualité (libido). Leur retrait ou leur absence génère des réactions comportementales biologiquement déterminées (frustration, colère, dépression) mais il génère une représentation interne (« hallucination de désir ») de l’objet manquant permettant ainsi la genèse de la pensée. Le moi contient ainsi en lui une représentation de l’objet manquant. Cette inclusion dans le moi de la représentation d’un objet externe impose une différenciation. Celle-ci est la base du retour récursif de l’amour du moi pour le moi en constituant à l’intérieur de celui-ci la différenciation d’une instance organisée que nous nommons le soi. La récursivité du narcissisme différencie une part du moi en une instance dotée d’une dynamique structurelle particulière qui est celle des systèmes complexes. Le soi possède des propriétés particulières (holisme, stabilité structurelle, sensibilité aux conditions initiales, singularité, historicité) et des assume trois fonctions :
Penser, analyser, rêver en complexité Nous présentons les grandes lignes du paradigme de la complexité et argumentons en faveur de sa possibilité à donner accueil à la psychanalyse. L'axe central de l'argument est celui de la récursivité comme moteur génératif de la complexité, présente de façon explicite dans le narcissisme mais plus généralement dans le statut singulier de la pulsion sexuelle. Nous illustrons cet argument par l'exemple des théories du rêve.
Notes, Références, Thèses et Synthèses - 2025
Psychosomatique1. Les traumatismes psychiques génèrent des affects réprimés qui subsistent de façon latente pendant des années avant d'être éprouvés pleinement - avec manifestations physiologiques (pleurs) lors de la thérapie et permettant ensuite une croissance psychique avec extension des pensées, compréhension des enjeux psychiques (l'affect est « fossilisé », Cl. Smadja). 2. Les automatismes mentaux sont constamment actifs et cherchent à supplanter l'activité de liaison. Ils sont d'installation insidieuse. Leur excès est pathologique mais ils sont en partie inévitables. Ils protègent, mal, contre la dépression essentielle. Les exercices quotidiens, surinvestis, (musique, sport, …) peuvent devenir des conduites automatiques s'opposant à la mentalisation (« galériens volontaires »). 3. Il est nécessaire de déconstruire les adhésions idéologiques superficielles dont la fonction est le conformisme social, fusse-t-il « révolutionnaire ou progressiste » pour affirmer les convictions réelles du sujet, surdéterminées depuis l'enfance et les identifications oedipiennes, fussent-elle politiquement incorrectes. Il s'agit d'une variante de la répression d'affects. 4. L'existence du désir, dans sa radicalité transgressive, doit être reconnue, ce qui ne signifie pas toujours y céder, mais les dimensions du désir, sa répétition, sa détermination, doivent être reconnue. Cela impose une déconstruction des formations réactionnelles, y compris les formations de nature idéologique imposées par la coexistence sociale (idées dominantes). La conjonction d’un désir brusque d’un objet matériel associé à un sentiment de tension intérieure, voire des symptômes psychosomatiques légers, nécessite l’auto-analyse de l’objet, dans ses propriétés signifiantes (son nom, ses liens métonymiques et métaphoriques avec d'autres signifiants), ses qualités (forme, dynamique, texture, couleur, etc.), ses fonctions, en recherchant, par association libre, le désir inconscient refoulé, ou non mentalisé, en rapport avec une situation actuelle faisant office de facteur déclenchant et ouvrant ensuite sur un désir infantile ancien, ou une situation traumatique passée de l’enfance. Comme pour les rêves, l’auto-analyse de ces phénomènes n’a pas de fin, pas de clôture signifiante et aboutit à un ombilic (sur le plan des signifiés). Le plus important est la reconnaissance d'une surdétermination signifiante. 5. Il existe une duplication projective consistant à considérer l'autre comme un autre soi et donc à attendre de cet autre les mêmes idées, conduites, pensées, actes que celles que nous avons en nous. Si l'autre fait défection à nos attentes, nous subissons une déception et manifestons une irritation. L'irritation est un signal d'alerte du défaut de mentalisation. Quelque chose est présent, actif, mais n'est pas connu, non pas au sens du refoulement d'une représentation ou d'un désir, mais au sens de l'absence d'existence dans la sphère des représentations. Ce point engage la différence entre refoulement et répression qui n'est pas clair dans la théorie psychosomatique. 6. Les maladies bénignes sont des signaux d'alerte de conflits non mentalisés. C'est-à-dire que le conflit ne fait même pas l'objet d'une tentative de refoulement, mais bien d'une non existence mentale, représentationnelle. 7. Il existe une fonction économique à la maladie et à la représentation même de la maladie (paradoxe psychosomatique). 8. L'activité onirique complète, avec travail du rêve, est l'indice d'un fonctionnement mental restitué. Le rêve tente de réaliser un énoncé (structuré, existant donc dans une instance cognitive fonctionnelle inconsciente) avec des éléments représentatifs épars issus de la perception (restes diurnes). 9. Il existe un facteur cumulatif. C'est la sommation des répressions d'affect qui enclenche un processus de régression (maladie bénigne) puis éventuellement une désorganisation. Ce facteur cumulatif est de nature économique et il est indifférent aux effets du temps. L'affect (émotion) résulte des contrariétés, d'échecs de réalisation, d'impossibilités d'expression touchant des domaines de vie concrète pouvant être d'apparence banale mais recouvrant des enjeux psychiques importants existant depuis l'enfance (reconnaissance, attitudes générées par des déterminants structuraux). Des formations réactionnelles massives peuvent entraver l'expression des affects au moment adéquat et contribuer à leur répression.
Psychanalyse et Complexité1. L’inconscient est l’ensemble des singularités catastrophiques dont la projection partielle sur l’espace mental constitue la pensée consciente. De par le nombre de ses dimensions excédant nos capacités de mentalisation, et en particulier par l’absence d’une référence au temps, l’inconscient nous est irreprésentable. Il est présent en l’homme car il transmet l’héritage acquis de l’espèce, non pas sous la forme d’un stockage d’images codant pour une expérience vécue, mais sous la forme de singularités catastrophiques dont le déploiement génère des structures dynamiques qui permettrons la catégorisation de l’expérience. La psychanalyse a découvert la structure fondamentale du complexe d’Œdipe, qui organise les fantasmes originaires à partir desquels sont catégorisés le flux de l'expérience individuelle. Ce qui a été nommé par Freud, processus primaire, est le flux libre des prégnances biologiques fondamentales, sexualité et agression, se déployant à partir des singularités catastrophiques et se déroulant dans un espace à n dimensions, sans le temps, qui sont ensuite projetées dans l’espace à trois dimensions, contraint par le temps, de la pensée et générant le processus secondaire (logique, non contradiction). Métaphore et métonymie sont des effets du retour à l’espace antérieur. En se déployant dans l’espace mental (3D + T), les singularités deviennent des structures qui vont être l’objet d’une sémantisation (le carré sémiotique), ainsi que l’objet de conduites comportementales (la prédation). Si elles sont entravées, elles se réalisent dans le fantasme. 2. La sémiotique de René Thom permet d'expliciter les fantasmes originaires. Cette sémiotique comporte plusieurs niveaux. Le premier niveau est celui des singularités (germes) dont le déploiement dans l'espace temps (u,v,w,t) est celui de catastrophes élémentaires dont les pôles de stabilité sont considérés comme des attracteurs identifiés à des actants dans un processus narratif. Ces attracteurs peuvent apparaître, disparaître, se fusionner, se scinder selon des scénarios dynamiques imposés par la topologie de l'ensemble de bifurcation. Ce qui est premier, fondamental, est l'existence du soi réflexif, (du sujet selon la terminologie lacanienne), ce qui est universel sont les contraintes topologiques qui pèsent sur les modes de réponse aux questions existentielles, ce qui est variable sont les sémantisations possibles des fantasmes selon des modalités culturelles. Les fantasmes originaires sont consécutifs à l'existence d'un sujet individuel doté d'un soi réflexif et cherchant à donner une signification générique à son existence. La genèse de l'unité d'un individu à partir de la dualité de deux géniteurs, donc la création de un à partir de deux détermine le fantasme originaire de la scène primitive avec ses corrélats, désir de participation, horreur et évitement. Le déterminisme d'un sexe, au sein d'une alternative binaire imposée par la présence ou l'absence de la singularité pénienne (+ / -), détermine le fantasme de castration. La séparation de l'unité à partir d'un organisme mère (l'enfant chair de la chair de la mère) détermine le fantasme de retour au sein maternel. L'ensemble de ces fantasmes se compile dans un scénario intégratif qui est celui du complexe d'Œdipe. 3. Les fantasmes originaires, implémentés dans l’inconscient et dont la puissance d’activation dépend à la fois des bases constitutionnelles individuelles (force pulsionnelle déterminée génétiquement) et des évènements factuels (séductions, traumatismes, séparations.. générant une fixation) ne se voient plus l’objet d’un refoulement par un surmoi porteur des interdits parentaux eux-mêmes relais des interdits gérant une culture donnée mais sont réalisés virtuellement dans l’espace culturel et sociétal par le vecteur du marché. La réalisation de désirs, pervers, de satisfaction de pulsions partielles, est exposée comme possible, souhaitable, nécessaire dans l’espace culturel. Il en résulte une nouvelle forme de conflit qui n’est plus entre une instance internalisée et le moi mais entre le soi, instance gérant les investissements narcissiques d’objets, et des objets-séducteurs incitateurs dont l’investissement procure une satisfaction narcissique avec en retour une déréalisation pas clivage d’un soi narcissique aliéné et d’un moi rétracté. Il en résulte une nouvelle psychopathologie marquée par les troubles dépressifs, somatiques, et addictifs, imposant une approche différente de la cure où la dimension régressive imposée par les frustrations sont inefficaces tant que le traitement de la pathologie du soi n’est pas réalisé par une prise en compte du transfert narcissique. Les troubles dépressifs relèvent de l’échec de la réalisation narcissique et induise une déflection du soi avec retour de l’investissement générant une tension sur les frontières du moi. Les plaintes hypochondriaques relèvent des distorsions des frontières du moi. L’addiction toxicomaniaque est la recherche devenue automatisée des éprouvés de plaisir dans les objets-cultes toxiques par fuite de l’expérience dépressive liée à sa privation nécessaire. 4. En psychopathologie analytique, il existe une double détermination, pulsionnelle et structurale. Les deux déterminations sont dans un rapport de complémentarité. La détermination pulsionnelle agit en deuxième topique, la détermination structurale agit sur les positions identificatoires agencés en structure dans la topique de la complexité.
5. Penser la psychanalyse contemporaine nécessite le déploiement d’une nouvelle théorie du narcissisme comme étant le front d’onde du déploiement de la vie psychique dans les espaces sociétaux. Ce déploiement vise à la destruction des limites au désir et donc à la destruction de toutes les structures anthropologiques pour parvenir à un monde d’individus hédonistes connectés à un réseau généralisé leur insufflant des images hypnotiques. L’espèce humaine est en train de muter entre des collections sociétales d’individus subjectivés incarnés dans des structures anthropologiques, capables d’une dialectisation subjective, vers une assemblée de sujets aliénés narcissiquement à une illusion d’individualité dans une réseau généralisé d’images hypnotiques, dont la finalité apparente est le profil mercantile mais dont la détermination profonde est bien l’émergence mutante d’une nouvelle espèce nécessitant l’abandon des structures anciennes et la délégation de toute pensée à des algorithmes. La psychanalyse est peut être la seule pensée capable de décrire les fondements de ce mouvement grâce au dualisme fondamental de la pensée freudienne, opposant pulsion de vie et pulsion de mort. L’évitement contemporain du complexe d’Œdipe se marque par les évolutions sociétales : libre sexualité, valorisation de l’homosexualité, dévaluation de la masculinité, effacement des barrières entre espèces, PMA et GPA…ouvre à la régression et vient buter sur la mère primitive, l’imago maternelle.
Sommaire général en psychopathologie (pdf) :
Cyberpsychologie
L’usage de la réalité virtuelle en psychothérapie impose le recours à une approche transdisciplinaire. Cette transdisciplinarité n’est pas de convention, ni de choix épistémologique, mais elle est imposée par la nature de son objet. Le virtuel nous révèle une dialectique entre le monde interne (subjectif) et le monde externe (technoculture) qui ne peut être réduite à un simple concept d’espace transitionnel au sens de Donald W. Winnicott, entre réalité intérieure et réalité extérieure (Winnicott, 1971). Le mouvement d’externalisation et de couplage de fonctions cognitives et psychiques à des systèmes technologiques externes nous impose une vision médiologique nouvelle (Debray, 1991), refusant la séparation entre technologie et culture, mais assumant pleinement le couplage dynamique entre les processus psychiques et leurs relais technologiques externes. Ce continuum n’est pas une extrapolation, ni une externalisation, ni une projection. Pour le comprendre, nous devons avoir recours à l’artifice topologique de la surface de Klein. L’intérieur déferle vers l’extérieur, puis revient topologiquement à l’intérieur. Le déploiement du virtuel, prolongement de la pensée humaine, est certes comparable au saut qualitatif engendré par la découverte du chopper biface, prolongement de la main par l’outil primitif (Leroi-Gourhan, 1964), mais il est également comparable à cette dialectique étonnante, relevée par Claude Lévi-Strauss par les mythes sud américains de la sarbacane, où un processus interne se voit projeté dans un outil, une arme, avant d’être réinjectée symboliquement sous une forme inversée dans le mythe, c’est-à-dire dans une élaboration symbolique collective (Lévi-Strauss, 1962).
La psychothérapie utilisant la médiation des jeux vidéo est un lieu privilégié d’observation des relations entre la réalité virtuelle et la réalité psychique. Lors de la séance, le patient, enfant ou adolescent, est assis à côté du psychothérapeute devant un écran d’ordinateur où s’affichent les images d’un jeu vidéo utilisé conjointement. La technique n’est pas prescriptive. Le patient décide s’il veut parler, jouer avec des figurines, dessiner ou utiliser un jeu vidéo qu’il choisit lui-même dans un ensemble présélectionné pour leurs qualités propres à favoriser l’expression de processus psychiques (interactions entre personnages, scènes, symbolisations diverses, etc.). L’axe central de la compréhension analytique de l’utilisation du virtuel par les patients, en particulier les adolescents, est de nature narcissique, par la quête de réalisation de soi, à travers un déroulé d’épreuves qualifiantes, contribuant in fine à un accroissement du soi et à une sanction symbolique d’attribution de valeur. Le modèle adéquat est celui du rituel initiatique. Il se comprend sur le plan analytique par la recherche d’une complétude narcissique. Sur le plan d’une anthropologie psychanalytique, ce fait se comprend comme le retour d’un refoulé de culture. L’absence de rituels symboliques initiatiques entraîne leur recherche (même phénomène que pour les marques, les tags, les scarifications, etc.). Ce refoulé touche de façon particulière les valeurs structurantes du combat et de la préparation à la guerre chez les garçons qui se voient l’objet d’une dévaluation idéologique. En d’autres termes, le rituel symbolique absent dans le réel sociétal apparaît dans le virtuel, donnant au marché (conception, production) une fonction initiatrice. L’immersion du sujet dans la réalité virtuelle est une construction subjective par attribution intentionnelle. Elle est favorisée par l’existence de phénomènes aléatoires dans les mondes virtuels. Le sentiment de réalité est liée à l’imprévisibilité des évènements Elle est associée à un investissement psychique qui peut être mobilisé dans le cadre psychothérapeutique par une immersion conjointe : processus couplant l’attention conjointe à la construction partagée d’une néo réalité transitoire, et permettant une expression de désirs contrainte par les limites des mondes virtuels. Les psychothérapies analytiques avec la médiation des jeux vidéo sont centrées sur l’anticipation de la réalisation de soi et engagent donc une dimension essentiellement narcissique, mais les relations d’objets ne sont pas négligées et sont observables dans le transfert sur le thérapeute comme dans le choix des avatars, des objets, des scenarios. L’utilisation de l’immersion dans les remédiations cognitives assistées par réalité virtuelle offre la possibilité d’une cognition écologiquement orientée, efficace pour la remobilisation des motivations pour les apprentissages et l’exercice de la pensée. Elle concourt à l’amélioration de l’estime de soi. Thèses développées dans deux ouvrages : Du bon usage des jeux vidéo et autres aventures virtuelles 2003 et Cyberpsychologie (avec Adrian Radillo) 2010 Articles et communications diverses La technique des jeux vidéo en psychothérapie Conférence en vidéo Les neuf modèles de l’émergence Immersion dans les mondes virtuels et émergence de l’intentionnalité
Conférence au congrès de Perspectives Psychiatriques 13 Mars 2015 « L’intelligence artificielle au défi de l’intersubjectivité »
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Arguments - CyberpsychologieIsolons une série de faits d’observations qui s’agencent dans une suite dont nous chercherons à résoudre les contradictions apparentes afin de mieux comprendre la relation entre homme et technologie numérique.1. Partons d’un fait clinique observable en psychopathologie. Il existe des pratiques intensives d’utilisation des systèmes de réalité virtuelle (dites « addictions ») chez un certain nombre de sujets, (jeunes garçons, adolescents, dans la grande majorité) qui s’accompagnent d’un désinvestissement de la réalité effective et d’un investissement corollaire de l’existence virtuelle, décelable aux indices suivants : négligence du corps réel, indifférence aux rythmes nycthémères, attachement aux avatars, souffrance aux interruptions. Le déterminisme de ces comportements est complexe et associe dans un ensemble de facteurs agissants, des facteurs psychopathologiques préexistants, des facteurs sociaux, culturels et familiaux. Toutefois, dans la majeure partie des cas, les conduites intensives de jeu vidéo ne s’accompagnent pas d’une déréalisation, ni d’une perte du sens de la réalité (aux situations limites près). On assiste à une composition différenciée des réalités. Un acte réel ne sera pas conduit à l’instar d’un acte virtuel similaire. Le cas des conduites virtuelles de véhicules pourrait être discuté, de même que la désensibilisation à la violence et le maniement des armes devenus familiers. Inversement, des actes réalisés virtuellement ne sont pas désubjectivisés quand le sujet sait qu’il induit un acte réel (cas de la chirurgie virtuelle, de la simulation en création industrielle). Les actes réalisés dans les simulations virtuelles de la réalité, mais ayant une conséquence sur la réalité effective engagent la responsabilisation subjective (cas décrit de stress post traumatiques chez des pilotes de drones connectés à des interfaces de virtualisation et ayant mené des missions de combat). Ce fait est congruent avec les données psychopathologiques des patients présentant des situations dites d’addictions à des mondes virtuels. Il n’y a jamais perte du sens de la réalité effective mais désinvestissement d’un monde pour le réinvestissement d’une autre réalité. 2. L’apport théorique le plus consistant de ce fait clinique est l’absence de liens directs entre le degré de réalisme des mondes virtuels et la densité de l’immersion. Le déterminant est l’intentionnalité d’action dans ces mondes. C’est la qualité du couplage entre l’offre réactive d’un monde virtuel et l’intentionnalité subjective qui détermine la densité de l’immersion. Toutefois, il existe des éléments objectifs favorisant l’immersion : la présence d’évènements aléatoires donnant le sentiment d’un imprévu (par exemple des événements météorologiques) ; la richesse des interactions multimodales sur le plan perceptif, la présence de traces dans le monde virtuel créées par l’action (déplacement de l’avatar)… Mais dans tous les cas, le facteur central est celui de l’intentionnalité : le sujet engage une intention réalisée virtuellement. Husserl a explicité la dimension intégrative de l’intentionnalité. En centrant notre intention sur un objet ou une action à accomplir, nous organisons les composantes de notre cognition dans une visée unique permettant leur fusion puis nous réajustons notre intention première après l’examen des effets sur l’objet (qu’il soit physique, mental, relationnel,.). En termes Husserliens, le rayon de l’intention, dont la manifestation est l’attention sélective, unifie les facettes constitutives des objets perçu toujours sous des contours partiels en des objets mentaux (liens avec la théorie de Marr). Dans les interactions numériques, ce circuit est court – car il n’est pas entravé par la résistance du réel matériel et n’engage pas une dépense musculaire – est générateur d’une décharge de plaisir (économie de mouvement). Cependant, il est erroné de penser que les mondes virtuels sont exempts d’une résistance à l’intentionnalité du sujet. Ils exercent souvent une contrainte forte qui l’oblige à la persévérance, au changement de stratégie, à l’abandon, (etc.), mais il existe toujours une épargne énergétique car l’engagement corporel est plus faible que la réalisation réelle de l’acte intentionné (même pour les systèmes comme la Wii). 3. L’utilisation des mondes virtuels présente une efficacité dans le traitement thérapeutique des troubles psychopathologiques de l’enfance et de l’adolescence, en particulier ceux liés directement aux problématiques narcissiques. La raison réside dans l’intensité affective de la réalisation de parcours qualifiants dans les jeux vidéo. Le gain narcissique est celui de la réussite d’une action engageant une dimension plus forte qu’une simple cognition (habileté, dextérité, etc.) mais bien une dimension subjective dont l’avatar est l’incarnation. Le succès de ces pratiques s’explique en partie par l’absence de rituels symboliques dans notre culture, en particulier pour l’adolescence (à l’exception notable des rites religieux juifs) et par le répression culturelle de l’agressivité masculine (jeux de guerre, intérêts pour les armes, pulsion sadique anale, phallique). 4. L’utilisation des interfaces numériques permet le déploiement d’une cognition élaborée, de haut niveau, orientée vers l’action et permettant une intégration des fonctions cognitives. Ce fait est particulièrement observable dans l’accompagnement des personnes autistes. La raison réside dans le fait que la pensée humaine est, fondamentalement, une pensée écologiquement orientée vers l’action. C’est-à-dire que son espace premier, originaire, fondamental, est l’orientation dans le monde, la reconnaissance de la présence d’évènements, l’action, etc. L’élaboration de liens, de différences, de taxonomies, donnant sens au monde est une dimension d’une autre complexité construite sur cette première dimension de l’action. Les mondes virtuels nous réconcilient avec cette pensée insérée dans une naturalité de l’action. Elle présente des qualités particulières, non académiques, en termes de vitesse d’appréhension perceptive, rapidité de traitement en situation de stress, flexibilité mentale, etc. La véritable révolution cognitive que doit assumer l’école, tient, selon nous, à la reconnaissance académique de cette nouvelle cognition révélée par les pratiques numériques. 5. L’élément le plus remarquable est la montée en puissance de la délocalisation des opérations cognitives dans des systèmes numériques externes. C’est le cas d’abord des systèmes mémoriels, mais aussi des systèmes de sélection et d’orientation cognitive, de traitement de l’information, etc. Mais c’est aussi le cas sur le plan psychique avec l’extimisation généralisée de soi, le partage des représentations fugaces (Snapshot), le contact phatique permanent. Qu’est ce qui se gagne ? Une nouvelle sociabilité, un gain adaptatif en productivité, en accès à l’information, en présence de l’individu dans la masse par sa capacité à communiquer de façon universelle des messages, peut-être. La révolution numérique est une mutation anthropologique (difficile à appréhender car nous sommes sur le front d’onde de son déploiement). Elle est d’une importance comparable à celle de la naissance de l’imprimerie qui a changé le monde (impression des bibles de Luther). Elle est un changement dans les vecteurs d’acculturation (la vidéo permettant la diffusion des techniques, des savoirs faires, l’apprentissage par l’exemple, plus que par l’abstraction par le codage en écriture induisant des surcouches de code, la grammaire, l’orthographe, le lexique, etc.). Elle est une modification dans la relation entre individu et société. Chaque individu se présente dans une espace commun et expose les facettes de son soi, de ses expériences de vie, et participe à des interactions numériques de masse. Qu’est ce qui se perd ? L’individualité réflexive, les vertus de la solitude, la pensée contemplative, introspective, le jeu différentiel entre les niveaux d’abstraction.
Troubles du spectre autistique
Texte disponible en pdf : Eloge de la pensée autiste 2015 L’autisme est considéré comme un ensemble de régulations nécessaires à la stabilité structurelle du soi, organisation psychique émergente de la complexité neuronale. La cohésion du soi est fragilisée par une altération de la constitution des objets mentaux unifiées par l’intentionnalité (synthèse objective). L’échec de la stabilité structurelle du soi autistique entraîne en retour une sémiologie négative (trouble de la régulation, dissociation, désorganisation fonctionnelle). Une typologie nouvelle des signes autistiques bâtie sur leurs fonctions régulatrices est proposée (en sept classes) et les contours d’une psychothérapie phénoménologique, centrée sur la compréhension du rapport autistique au monde, sont esquissés. La psychothérapie de l’autisme implique :
Texte disponible en pdf : Dynamique structurelle de l'autisme
1. La génétique de l’autisme n’est pas systématique, ni mendélienne. Il existe des formes phénocopiques. Le déterminisme de l’autisme est donc complexe au sens scientifique. La neurobiologie révèle une diversité de structures impliquées dans la survenue des états autistiques alors qu’il existe une unité sémiologique (les symptômes cardinaux). Les approches de neuropsychologie cognitive révèlent une diversité de singularités cognitives, généralement déficitaires, mais ne parviennent pas à établir ni une correspondance claire (bijective) entre les fonctions cognitives et les symptômes observés, ni à l’établissement d’un trouble primaire. En psychanalyse, l’autisme est interprété comme un trouble primaire des relations objectales. La psychanalyse n’est pas parvenu pas à rendre compte de l’ensemble des faits autistiques et a rencontré des contradictions (narcissisme primaire). Il est nécessaire de repenser différemment l’autisme à partir des résultats déjà obtenus : (1) elle doit se situer au niveau global et non déterminisme linéaire, (2) et ne pas partir de l’individuation. 2. Nous devons revenir aux observables spécifiques de l’autisme en les considérant de façon a-théorique sur le plan purement phénoménal. Nous sélectionnons un premier fait observable que nous rehaussons comme de valeur cruciale pour l’interprétation de l’autisme : il existe une résistivité de l’autisme imposant la notion de stabilité structurelle d’une entité, le soi. Toute tentative de modification brutale (intrusion) changement drastique, interprétation, est vouée à l’échec ou induit des désorganisations. Donc les mécanismes autistiques sont des processus de régulation nécessaires à la stabilité structurelle du soi. Les notions de stabilité structurelle, de régulation et de sensibilité aux conditions initiales suggèrent la métaphore de système dynamique complexe car elles en constituent ses propriétés spécifiques. 3. Nous devons en inférer que le bon niveau d’explication de l’autisme est celui d’une instance globale, holistique, maintenant sa cohésion par des régulations (émergent du système dynamique complexe des interactions neuronales). L’identité de cette instance est celle du fonctionnement mental, de l’esprit, du psychisme. Comme elle liée à la réflexivité, nous la nommons le soi et la décrivons sans préjuger de l’ensemble de sa nature, par les propriétés des systèmes complexes, holisme, régulation, sensibilité aux conditions initiales, historicité, singularité, structure d’attracteurs, dynamiques de conflits et d’évolution (instances psychiques, intégration des topiques freudiennes. Ce point de vue permet d’intégrer les différentes acceptations (conscience, psychisme, moi, sujet comme des instances du soi). 4. Les signes autistiques sont des formes de régulation spécifique pour maintenir la cohésion minimale du soi. Ils sont variables en regard de la diversité des causes mais ils sont unitaires et classés en cinq catégories ; [A] déficits, [B] désorganisation [C] régulation, [D] émergences et singularités. 5. Le deuxième fait crucial concerne la nature topologique des formes et dynamiques électives observables dans la catégories des émergences. Primitivement, ce sont des esquisses primaires de la construction objective qui se transmuent ensuite dans les compétences électives. Donc, (1) l’intérêt électif porte sur des esquisses primaires de la perception visuelle (2D), sur des morphodynamismes et des points singuliers (catastrophes de perception) (en vision, en audition) ; (2) l’immutabilité est liée à une temporalité cyclique et non linéaire et (3) les compétences particulières résident dans l’établissement de références spatiales ou temporelles, dans l’itération d’algorithmes, dans une mémoire eidétique, sans bornes, sans limite d’horizon. 6. Nous interprétons ces faits en regard du processus fondamental de la synthèse objective (inspirée de la phénoménologie d’Husserl), base de la mentalisation en ce qu’elle permet la construction des objets mentaux (représentations et scripts d’action). La synthèse objective implique : (1) la mobilité kinesthésique pour l’acquisition des facettes multiples ; (2) l’intentionnalité (regard, écoute) pour parvenir à la fusion cohésive -les différentes facettes des objets sont données toujours partiellement par la perception et permettent la construction de l’objet avec son optimum prototypique et son extremum horizon ; (3) le retour sur soi par les contrôles efférents et images miroirs des dynamiques observées ; (4) l’intervention de l’autre à des moments critiques du développement de la synthèse objective (attention conjointe, partage émotionnel). 7. L’ensemble de ce processus implique des ressources neurocognitives et le bon fonctionnement des structures et fonctions sous-jacentes. Toute altération de ces ressources modifie la synthèse objective, l’empêche de se réaliser, totalement ou partiellement (d’où l’apparition des esquisses primaires), et perturbe son déploiement temporel (hétérochronie). L’intentionnalité chez les sujets autistes parvient à une synthèse objective lacunaire révélant en partie les étapes de l’objectivité. Les intérêts électifs, l’immutabilité, les compétences particulières, les relations sociales, le langage sont des modes pour la construction d’un monde objectif cohérent en compensant les altérations de la synthèse objective primaire par la construction de nouvelles références objectives (la ligne, le réseau, le maillage, le cycle marqué, l’arborescence, l’itération algorithmique, l’instantanéité). 8. Notre approche par la synthèse objective présente un intérêt épistémique par sa capacité à intégrer les faits neurobiologiques, à être compatible avec les données de la psychanalyse et par l’établissement d’une psychothérapie phénoménologique de l’autisme basée sur la (compréhension de l’expérience perceptive et ontologique, le soutien intersubjectif par le partage de l’intentionnalité et le respect de la singularité sociale).
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Psychologie - Sciences cognitives
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Anthropologie - Epistémologie - Politique
Essai sur la genèse psychologique d’une œuvre scientifique À partir d’une lecture de l’œuvre de Darwin, et en particulier son autobiographie et le récit du voyage du Beagle, nous proposons une interprétation psychanalytique de la genèse de sa pensée scientifique. La personnalité de Darwin est marquée par une passion de la collection, un doute permanent, des formations réactionnelles fortes contre la cruauté et la culpabilité (conflit avec son père). Le doute et la culpabilité, vécus par Darwin pendant l'élaboration de la théorie de l'origine des espèces ont été motivés par la transgression apportée par cette thèse. Elle entraîne à mettre à bas le père des pères, à savoir Dieu. C'est au prix d’une négation du meurtre symbolique du père que l'anthropologie darwinienne du gradualisme a pu naître. Cependant, cet acte permet la création d’une structure nouvelle. L’arbre taxonomique des espèces, cœur logique de la théorie, est une structure cognitive permettant l’organisation continue dans le temps des singularités de la nature dispersées dans l’espace. Cette structure possédant une puissance générative qui lui permet de traiter de nouveaux faits et de les intégrer de façon rationnelle aux données préexistantes. La sublimation scientifique exige le refoulement des forces pulsionnelles qui lui ont donné naissance et la mise à distance des objets internes qui ont sollicité son émergence. Le voyage intérieur de Charles Darwin (résumé d'ouvrage) Dynamique de l’illusion religieuse Les religions sont des systèmes idéologiques dynamiques assumant l’identification collective et la démarcation de soi. Les monothéismes sont des solutions au problème de l’altérité : (1) la démarcation par l’alliance exclusive (religion juive) ; (2) incorporation avec passage de l’autre en soi (religion chrétienne) ; (3) projection par la conquête visant à la sujétion de l’autre (islam). Les religions génèrent une aide d’illusion (consolation prospective à la mort), donnent sens (fonction cognitive) à la question des origines et de la finalité et maintiennent un lien identitaire (fonction identitaire). Texte publié dans La complexité de soi Cf. aussi L'islam à l'épreuve de la pensée critique 2015 2015 L’islam au risque de la pensée critique À partir des apports des sciences humaines, sociologie, histoire des religions, psychanalyse, sciences cognitives, nous mettons en réflexion quelques spécificités de l’islam, centrées sur la structure de sa croyance, le recours au raisonnement par cas , la disjonction entre fait et cause, l’indistinction entre politique et religieux, le non sens de l’individualité. Ces spécificités rendent objectivement difficile la coexistence de l’islam avec la raison laïque dont les fondements sont apodictiques (démonstration par le principe de non contradiction) et où la séparation entre politique et religieux est une exigence centrale. L'islam à l'épreuve de la pensée critique 2015 Les neuf modèles de l’émergence Afin de clarifier la notion d’émergence, nous identifions neuf modèles permettant de comprendre l’existence de phénomènes nouveaux pouvant être considérés comme émergents. Nous concluons sur l’intérêt de limiter l’usage du terme d’émergence aux phénomènes non déductibles de la connaissance des propriétés antécédentes d’un domaine considéré. Enfin, si certains de ces modèles présentent une autonomie interne leur permettant d’éviter le recours à une détermination extérieure, la plupart ne peuvent pas s’émanciper du recours à une fonction externe inconnue. Les neuf modèles de l'émergence Autres textes divers :
Surdité
L’analyse systématique des références aux sourds dans l’histoire des idées, et principalement dans la philosophie de la connaissance, de l’antiquité jusqu’à l’époque contemporaine, nous permet de conclure sur deux points : 1. L’iconicité de la langue des signes est perçue comme la révélation d’une langue naturelle dévoilant l’essence des choses (XVIIIème) puis devient un obstacle au développement d’un discours positiviste sur le langage (XIXème). L’acceptation de la langue des signes dans la linguistique structurale se réalise au prix de la dévaluation de l’iconicité, jusqu’à sa reprise en compte par les sciences cognitives contemporaines. L’iconicité des signes gestuels présente au regard les primitives sémiotiques (en 3 D) sous-jacentes aux représentations mentales. 2. L’ambivalence de la culture vis-à-vis de l’iconicité est en lien avec sa proximité des processus psychiques inconscients : figuration spatiale du temps, motivation iconique du signe, figurabilité, symbolisme commun au rêve. Une cure analytique approfondie d’un patient sourd révèle l’importance des traces pictogrammatiques que l’on rapproche des singularités morphodynamiques de la théorie des catastrophes de René Thom. Nous proposons un apport métapsychologique en psychanalyse : le refoulement laisse passer la dynamique actancielle (scission, bifurcation, fusion, excision) que l’on retrouve comme ossature signifiante dans les formations de compromis et les symptômes névrotiques. Thèse de doctorat Psychopathologie Paris VII (ancien régime – Ph. D) Directeur de thèse : Jacques Gagey Jury : Christian Cuxac, Jean-Louis Lang, Jacques Cosnier, Claude Prévost Publiée dans Figures du silence (1990) et dans Psychologie de la surdité (2006, troisième édition) Articles techniques dans des revues spécialisées en surdité, puis en 2009 : Surdité et sciences humaines 2009 recueil de textes et d’articles sur les enjeux des études sur la surdité en sciences humaines :
Argument central des travaux sur la surdité : L'intérêt épistémologique de la surdité est dans la démonstration d'une sémiotique naturelle des formes, version nouvelle de la question de l'universalité de langage gestuel, mais centrée cette fois non sur la question de l'arbitraire du signe mais sur les rapports entre le sens et les formes. Certaines formes sont des génératrices sémiotiques pour le sujet dans la mesure où elles sont, par nature morphodynamique, impliquées dans des processus biologiques de base, en nombre limité. On les retrouve ensuite à tous les niveaux de la vie psychique, cognition et langage. Ainsi ce pouvoir sémiotique naturel des formes permet de résoudre l'aporie de la première inscription signifiante, du premier signe de perception. Les formes perçues sont propagées et génèrent du sens. Le problème reste dans la description de cette propagation, comme de l'origine de ces formes. Mais nous disposons maintenant de plusieurs avancées théoriques et conceptuelles qui nous permettent d'aborder de front ces problèmes. Il s'agit d'une part de la théorie des catastrophes et d'autre part des avancées des sciences cognitives. Affordances et précurrence : Nous analysons les problèmes fondamentaux de perception posés par les implants cochléaires et proposons l’apport de deux concepts issus de la psychologie contemporaine. L’affordance nous permet de mieux comprendre pourquoi et comment la perception est orientée vers la recherche de significations écologiquement pertinentes (Gibson) et la notion de précurrence (Sherrington) réévalue la fonction dite d’ « alerte ». La précurrence est le vecteur majeur de la recherche des causalités aux événements perceptifs et entraîne le développement de la cognition. Le dogme du codage « verbal » des implants et la notion d’échec sont discutés, de même que l’intérêt des implantations bilatérales qui permettent l’augmentation des affordances et précurrences. Publié dans Surdité et sciences humaines L'Harmattan La psychothérapie et la psychanalyse des personnes sourdes impliquent une approche phénoménologique de l’expérience du silence. Celle-ci implique la compréhension empathique du rapport perceptif aux évènements, une relativisation ethnoculturelle de la notion de sensitivité que l’on prête aux personnes sourdes ainsi que la compréhension du phénomène du pas hors de l’instant. Les personnes sourdes ont le sentiment d’être toujours un pas à côté de l’instant partagé par les entendants. « Expérience perceptive et subjectivité » , À propos du cas des personnes sourdes, Expérience Subjective du handicap somatique, Éditions du CTNERHI, 2003. Surdité et sciences humaines L'Harmattan
Linguistique - phonétique
Confusions phonétiques et perception catégorielle
L’analyse automatique de corpus de confusions phonétiques réalisées par des patients malentendants ainsi que celles réalisées au travers de systèmes électroniques de transmission nous permet de discuter les modèles de la perception catégorielle. Il existe des confusions phonétiques caractéristiques des distorsions spécifiques des différents systèmes de transmission (distorsions temporelles, spectrales). Le champ auditif est structuré par un réseau d’interfaces de catégorisation phonétique. Les traits distinctifs de Roman Jakobson et les indices acoustiques de Pierre Delattre contrôlent les interfaces de catégorisation. Le champ auditif est stratifié en point réguliers (amorphes) et en points singuliers (contrôles de catégorisation). Extension sur les liens entre le symbolique, vu comme un réseau dynamique d’oppositions catégorielles, et la perception auditive. Discussion sur la pertinence du concept de trait distinctif et de son statut épistémique : unité de description ou unité fonctionnelle. Jury : René Gsell, Jean Petitot Publiée en partie dans Psychologie de la surdité (2006, troisième édition) Thèse de doctorat Sciences du Langage Paris III (ancien régime - Ph D) Activités de communication et de recherche dans un laboratoire d’audioprothèse, conception et développement d’un logiciel d’analyse automatique des confusions phonétiques ANAPRO (Turbo Pascal, MS-DOS). Le logiciel permet de saisir, puis de compiler les confusions entre des phonèmes et d’analyser les éléments structuraux confondus (traits distinctifs et indices acoustiques). Les transducteurs (microphones et écouteurs) génèrent des confusions types, en particulier sur les indices acoustiques à dimension temporelle. Applications dans les systèmes de traitement automatique de la parole. Les confusions sont soumises à un ensemble complexe de facteurs (perceptifs, phonologiques, sémantiques). L’isolation du facteur perceptif est possible moyennant des tests phonétiques adaptés (Phono-scan) neutralisant les facteurs sémantiques par l’utilisation de logatomes et en contrôlant les environnements vocalique de façon à tester les pentes des transitions formantiques. Identification des interfaces de catégorisation séparant les zones de projection des traits distinctifs acoustiques établies grâce à l’analyse informatique par ANAPRO de vastes corpus du confusions phonétiques. La zone blanche centrale correspond grossièrement à l’aire de la parole. Les traits noirs correspondent aux seuils de catégorisation sur les différents traits distinctifs acoustiques de la parole (traits de Roman Jakobson). Cf. Psychologie de la surdité (2006, troisième édition)
Critiques - Littérature
L'enchantement Harry Potter ou la psychologie de l’enfant nouveau, Hachette Littérature, 2002 À partir de l’analyse sémiotique d’Harry Potter, nous développons une interprétation de son impact dans la culture contemporaine. La construction modulaire du récit, la simplification de l’espace temps, le binarisme des personnages rapprochent la construction narrative au plus près du carré sémiotique (Greimas). La proximité de la structure narrative crée une efficacité symbolique majeure expliquant en partie le succès de l’œuvre. Les thématiques de la magie et les composantes mythiques complètent cette attraction.
La publication du livre entraîne des communications dans le champ de la littérature pour la jeunesse et d’autres textes publiés dans différentes revues et réunis dans la première partie de La Complexité de soi .
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